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VIII


Lorsque, l’an d’après, la saison s’avança où Julie dut revenir à Pont-aux-Belles, Mme de Galandot fit de grandes plaintes. Elle n’avait, tout le long de l’année, marqué aucun souci d’avoir des nouvelles de sa nièce, et Nicolas, esclave de toutes les humeurs de sa mère, n’avait pas une fois osé lui offrir d’en aller chercher au Fresnay, comme il le désirait vivement.

Mme de Galandot blâmait aigrement la manière d’y vivre et se lamentait que Julie y eût dû prendre des habitudes où elle n’aurait certes pas manqué de perdre le peu de bons principes dont on avait tâché de la pourvoir. Tout cela avait bien dû s’évaporer au bruit du violon et du clavecin et au parfum des pâtisseries et des confitures, et Mme de Galandot grondait contre ces gens qui entreprennent d’élever une fille en lui enseignant, pour tout art, à chanter et à confire, sans même prendre le soin, à coup sûr, de lui apprendre les chiffres ou l’alphabet. Non, certes, que Julie eût besoin de devenir savante. Elle n’aurait guère le temps de lire ni l’occasion de compter, car, une fois grande, elle n’aurait point à être bel esprit ni habile intendante.