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LA DOUBLE MAÎTRESSE

en accusa avec franchise l’usage immodéré du jeu et des femmes. Ces traverses n’avaient point trop altéré sa bonne humeur. Il était encore, passé la quarantaine, un assez bel et gros homme, avec de la tournure, du bagoût, et ce fut à lui, tout naturellement, que M. du Fresnay s’ouvrit du projet de donner, la semaine d’après Pâques, un bal à Messieurs les officiers du régiment. Le gros Portebize comme on l’appelait, l’y engagea fort et lui offrit de se charger du détail de la fête.

Les préparatifs allèrent leur train et tout fut prêt au jour dit.

On dansa aux lanternes. Une longue galerie de treillages verts fut construite dans le jardin du Fresnay. Elle avait pour ouvertures quatre portiques par où l’on entrait et sortait. Des banquettes de velours garnissaient les murs. Cinq grands lustres de feuillages éclairaient, et des guirlandes de verdures s’entrecroisaient au plafond. À un bout s’élevait une estrade pour les musiciens. Tout le jardin était illuminé. Des lampions traçaient la forme des parterres et, comme la nuit était singulièrement douce et belle, tout se passa à souhait.

Les carrosses avaient amené les dames de la ville et du voisinage. Les officiers et les gentilshommes s’empressaient galamment auprès d’elles, et tout cela formait un bruit joyeux de pas, de rires et de musique.

Le bal venait d’être ouvert par M. de Vidrecourt et par Mme du Fresnay, en vis-à-vis, quand Julie fit son entrée.