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LA DOUBLE MAÎTRESSE

odorant et mobile ; la grosse houppe y produisait des tourbillons.

Lentement, délicatement, la nuée en suspens retombait et finit par se dissiper dans un silence sans lequel M. Laverdon eût craint sans doute de troubler cette magique opération. Puis, sur la pointe des pieds, il alla vers la toilette, y prit un petit miroir dont il essuya du coude la glace saupoudrée et, mystérieusement et à voix basse, dit un mot à l’oreille de M. de Portebize qui, le nez hors du carton, se leva et laissa tomber son peignoir, tandis que M. Laverdon, après avoir salué, s’esquivait, l’air encore tout pénétré du prodige qu’il venait d’accomplir.

François de Portebize restait toujours debout, le miroir à la main, et s’y regardait avec complaisance. Son visage soigneusement rasé lui parut agréable par sa peau fraîche et son teint vif. Il le jugea digne de plaire aussi bien aux autres qu’à lui-même, d’autant plus que son habit était du bon faiseur et sa coiffure réussie. Depuis son arrivée à Paris, il se sentait parfaitement heureux.

Sa mère avait refusé de l’y suivre et de quitter la solitude de Bas-le-Pré. Elle alléguait ses habitudes d’une vie rustique et tranquille ; de même, elle repoussa l’offre d’habiter Pont-aux-Belles où elle eût trouvé, en même temps qu’un séjour propre à ses goûts, des commodités de toutes sortes, tant en appartements qu’en jardins, que son fils proposait de faire remettre en état si elle voulait leur faire l’honneur d’en user à sa convenance. Il était encore tout plein de sa visite d’héritier à Pont-