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III


Le carrosse de M. de Portebize rabotait le pavé de la rue Saint-Jacques. Les chevaux tiraient sur les traits. La mèche du fouet touchait en voltigeant leurs croupes lisses et sensibles où l’effort tendait les muscles. Enfin les deux bêtes s’arrêtèrent et M. de Portebize descendit. La maison était de petite apparence et de façade étroite, haute avec ses trois fenêtres par étage. Une sorte de couloir humide conduisait dans une cour carrée de médiocre étendue. Au bas d’un escalier jouait une fillette déguenillée.

— « Est-ce bien ici que demeure M. l’abbé Hubertet ? » dit M. de Portebize.

La fillette ne répondait pas. Elle n’était point laide, mais ses joues fraîches et barbouillées luisaient toutes crues dans son visage. Elle fit le geste de les protéger d’une de ses mains contre un soufflet, tandis que de l’autre elle cachait une lettre derrière son dos.

À peine engagé dans l’escalier, M. de Portebize s’entendit crier :

— « M. Hubertet, c’est tout en haut à la porte peinte. »