Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/277

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de nos femmes ; vous avez pu certainement déjà apprécier leur mérite. Ah ! Monsieur, quels yeux !

Et M. Dalfi clignait le sien qu’il avait petit et louche.

Au mot femmes, M. de Galandot rougit et parut ressentir quelque gêne. Il toussa à plusieurs reprises et enleva une des toiles d’araignées qui, du col de son habit, lui chatouillait l’oreille.

— « Ah ! signor, continuait M. Dalfi confidentiel, je ne pourrais trop vous louer de votre prudence, et de craindre les périls du sexe. Nos dames romaines sont dangereuses et j’ai vu de brillants papillons se prendre à leurs filets. Leur renommée attire les voyageurs et plus d’un étranger trébuche au piège. Ah ! signor, les femmes ! les femmes !

Et M. Dalfi fit claquer sa langue d’un air entendu. Son petit œil cligné semblait s’agrandir, et il mêlait à son mauvais français des mots italiens pour mieux exprimer sa convoitise. Puis il s’arrêta court, regarda M. de Galandot dont le malaise était visible, et conclut :

— « Mais de plus hauts soins ont sans doute mené ici Votre Seigneurie. »

M. de Galandot se hâta de saisir la traverse. Il avoua fort simplement à M. Dalfi que son goût pour l’antiquité lui avait donné le désir de connaître une cité si célèbre dans l’histoire et qu’il y était venu avec le dessein d’y rechercher les vestiges de ce passé dont la pioche mettait à jour maint fragment digne d’intérêt. L’entretien se poursuivit encore quelque temps sur ce sujet et