Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/278

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M. de Galandot remercia M. Dalfi, quand le banquier lui eut promis de lui indiquer promptement un terrain propre aux fouilles et aux trouvailles. Là-dessus ils prirent congé l’un de l’autre avec beaucoup de cérémonies.

M. de Galandot avait trouvé pour gardienne du logis qu’il venait d’acquérir une vieille femme qui se nommait Barbara. Elle occupait une chambre basse, était borgne, noiraude et dévote. Il la prit à son service.

Les soins du ménage n’interrompaient pas le chapelet continuel qu’elle marmottait tout le jour. Qu’elle balayât, lavât ou cuisinât, elle mêlait à ses occupations diverses l’égrènement de ses patenôtres. Son principal consistait surtout à soigner une nombreuse volaille. M. de Galandot avait été accueilli par les piaulements de quelques poulets maigres ; mais bientôt, avec son assentiment, la troupe s’augmenta. Barbara acheta des deniers de son maître un beau coq à longue crête. Des sacs de graines s’empilèrent dans sa cuisine. Elle y puisait à pleines mains et les volatiles s’en gorgeaient goulûment.

La chaise de poste, qu’on avait laissée dans la cour, en plein air, faute de place pour la remiser, servit de poulailler. Les poules venaient pondre sur les coussins ; le coq se perchait sur le timon, les poussins grimpaient aux jantes horizontales et inclinées des roues, et les pigeons, dont Barbara compléta bientôt la basse-cour, se posèrent en roucoulant sur le toit de la voiture dont ils blanchirent le vernis de leurs fientes crayeuses.