Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/279

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À tout prendre, M. de Galandot était fort content de sa nouvelle demeure. Barbara l’avait nettoyée de fond en comble. Le mobilier fourni par M. Dalfi garnissait les pièces ; mais les vastes armoires restaient vides. M. de Galandot garda rangées le long du mur ses malles de voyage, en tirant à mesure le nécessaire. Il s’était fait confectionner, avant de quitter Paris, une douzaine d’habits pareils à celui qu’il portait d’habitude et un nombre de perruques correspondant. Le tout tenait dans quatre grandes caisses avec le linge et les chaussures.

Hors la chambre qu’il occupait, M. de Galandot ne fréquentait guère que la salle où il mangeait, sur une table de bois ciré, la frugale cuisine de sa gouvernante. L’ordinaire consistait en œufs, en légumes et en fruits auxquels s’ajoutaient parfois une volaille et un pigeon, le tout servi dans une vaisselle grossière dont Barbara, maladroite et distraite, cassait presque chaque jour quelque pièce qu’elle regardait à ses pieds en débris, sans cesser d’égrener son interminable chapelet composé alternativement de grains d’olives et de grosses boules de buis.

Les jours d’orage, pourtant, M. de Galandot devait se passer de souper, car Barbara demeurait invisible et sourde à tout appel. Réfugiée dans la cave où elle se cadenassait, elle allumait des bouts de cierges bénits que lui donnaient les sacristains de l’église voisine auxquels elle rendait en retour quelques chapons gras ou quelques poulets tendres. Le tonnerre apaisé, elle ne reparaissait