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III


Il y avait, dans un endroit assez solitaire de Rome, un édifice que M. de Galandot aimait beaucoup. C’était un gros bloc rond de maçonnerie entouré de colonnes à chapiteaux qui soutenaient le pourtour d’un toit en champignon. Une petite place irrégulière s’étendait là, pavée de grandes dalles herbues. Une fontaine y murmurait à l’écart. Elle se composait d’un bassin circulaire d’où émergeait une rocaille sur laquelle deux monstres marins enlaçaient leurs queues écailleuses et, nus, haussaient de leurs mains levées une coquille. Ces deux figures de bronze étaient élégantes et souples, sans fatigue en leur double geste immobile. L’eau retombait autour d’elles de la haute vasque. Des pigeons s’y posaient pour y boire. Leurs cols chatoyants se gonflaient de plaisir, puis ils s’envolaient doucement et allaient se percher sur le toit de tuiles tièdes du petit temple, d’où ils roucoulaient.

M. de Galandot s’asseyait sur le rebord du bassin ou sur l’une des bornes inégales qui l’entouraient. Il comptait les allées et venues des pigeons et écoutait la fontaine. Ses tuyaux engorgés râlaient