Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/301

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d’être rien de ce que supposait l’imaginatif petit tailleur et protester de son éloignement de toute intrigue et de toute affaire, Cozzoli n’en démordait pas. M. de Galandot l’eût encore bien laissé dire sans essayer de le convaincre s’il n’avait eu à subir les reproches, moitié sérieux, moitié plaisants, du petit homme. Cozzoli aimait à l’entreprendre. Il lui montrait le tort qu’il avait de ne point vivre d’une manière plus conforme à sa naissance et à ses moyens, et il le blâmait entre toutes choses de ne pas se commander d’habit de parade dont il pourrait avoir besoin d’un moment à l’autre si l’occasion brusque se présentait de sortir de son incognito.

— « Ah ! Monsieur, disait le gnome à l’aiguille, si Votre Seigneurie me laissait faire, elle serait la mieux mise de Rome. Comment ! ajoutait-il en s’adressant à ses mannequins, voilà le seigneur Galandot qui est grand et de bonne taille. Il a Cozzoli sous la main et il ne s’habille point, car ce n’est pas se vêtir que porter toute l’année un gros habit gris avec des basques d’une aune et des bas roulés. Allons ! un tel abus ne peut durer. À toi, Cozzoli, d’y mettre fin ! Prenons ce beau velours et taillons-y quelque chose de digne de Sa Seigneurie. Cousons, ourlons, galonnons ! Vite, cette manche, cette autre manche, la coupe est bonne. Cela tombe bien. Faites bouffer le jabot, tendez le jarret. Ah ! que voilà donc un brave et digne seigneur ! Où va-t-il ? Chez le pape ? ou chez l’ambassadeur de France ? Mais non, il y a assemblée chez le prince Luccano. On passera