Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/335

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sistible et, sautant à bas de la table, il se mit à courir par la chambre en se tenant les côtes, avec mille gambades et des glapissements de joie.

À ce tapage, Mme Cozzoli, ne sachant ce qui se passait, descendit de la soupente. Elle était en cotillon court, ses cheveux ébouriffés. Theresa et Mariuccia la suivirent de près. Elles avaient les yeux encore gros de sommeil et dans les cheveux encore le duvet des oreillers. Toutes deux en chemise, Mariuccia avait laissé tomber l’épaulette de la sienne et montrait son épaule nue, tandis que Theresa, le pan relevé, se grattait sans façon le mollet où une puce l’avait mordue.

M. de Galandot se tenait dans un coin de la chambre, les yeux baissés. Enfin Cozzoli, au milieu de ses rires, eut la force de s’écrier :

— « Savez-vous, savez-vous… ce que… Sa Seigneurie vient me demander ? Il veut que je le mène… ah ! ah ! ah ! que je le mène chez une dame… hi ! hi ! hi !… vous savez… chez l’Olympia… »

Il fut interrompu par un hoquet de joie ; alors ce fut un débordement de cris et d’exclamations autour du pauvre M. de Galandot abasourdi qui, debout, mal à l’aise avec ses poches gonflées d’or, tournait son chapeau entre ses doigts. Cozzoli se tordait. Mme Cozzoli s’affala sur une chaise. Theresa, le dos au mur, riait aux larmes, et Mariuccia, grimpée sur la table, y dansait en battant des mains, sans souci de ce que montrait sa courte chemise, tandis que la pie, épeurée de tout ce bruit, voletait au plafond, à grands coups d’ailes blancs et noirs.