Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/348

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— « Et voilà, criait-elle en agitant son chapelet, celles qui attirent les hommes. Ah ! Seigneur ! un seigneur comme Votre Seigneurie, vivre sous le toit du péché ! Sainte Vierge ! il a tout quitté sans un regard. Aussi, je me doutais bien qu’il arriverait quelque chose. Je me disais : « Ce seigneur Galandot, si bon, si sage, n’a pas de religion. Il ne porte ni médailles ni scapulaires. « Ah ! j’en ai fait dire des messes pour Votre Seigneurie ! Quand je vendais des volailles et des pigeons, j’en portais l’argent au couvent d’à côté. Tellement que le frère me disait en riant : « Dame Barbara, vous payez à Dieu un vieux péché. » Et tout cela n’a servi de rien. Et pourtant, en ai-je fait des croix au couteau sur la croûte des pains… et les quatre œufs que je disposais en croix sur l’assiette ! »

Et la vieille main ridée et noire de la servante brandissait le long chapelet d’un geste furieux et désespéré.

Dans la suite, M. de Galandot prenait grand soin d’éviter les rencontres de Barbara. Il se glissait dans la maison furtivement et allait droit à sa chambre. Rien n’y était changé depuis son départ. Les amphores de terre cuite s’alignaient encore sur la planche poudreuse. Il en prenait une, la versait, emplissait ses poches et se hâtait d’emporter sa charge de sequins et de ducats.

Ils ne duraient pas longtemps en ses mains et passaient vite à celles d’Olympia et d’Angiolino. Leurs demandes augmentaient sans cesse. Celles d’Olympia portaient sur des fantaisies de hardes