Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/355

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le petit valet Jacopo, la servante Julia et la vieille cuisinière Adelina étaient-ils continuellement harcelés de besogne. Peu à peu, à force d’avoir auprès d’elle Nicolas, elle prit l’habitude d’user de sa complaisance pour mille petits services familiers qu’il lui rendait avec empressement. Elle le dérangeait vingt fois l’heure pour lui ramasser son mouchoir ou son éventail, pour lui ouvrir ou lui peler un fruit, pour aller chercher ceci ou cela.

Il se prêtait avec une béatitude singulière à ses ordres les plus inutiles, car, la plupart du temps, elle oubliait ce qu’elle demandait avant qu’on le lui apportât. Remontait-il essoufflé de l’office avec un sorbet sur un plateau, qu’il fallait redescendre au jardin pour mener pisser la petite chienne. M. de Galandot mettait à tout cela une promptitude et une maladresse admirables, dont Olympia, selon les sautes de son humeur, riait ou se fâchait. Il fallait le voir alors, humble et penaud, avec sa longue figure anxieuse et naïve. Cela finit par aller loin, car l’abus suit toujours l’usage, et M. de Galandot était trop homme à se prêter à l’un pour ne pas se soumettre à l’autre.

Nul risque qu’il y regimbât. Si bien que, lorsque entrait dans l’appartement le vieux castrat Tito Barelli qui divertissait fort Olympia par sa méchanceté, son fausset et son fard aux pommettes, ne voyait-on pas, sur un signe de sa maîtresse, le digne gentilhomme se lever gravement pour rouler une chaise au pitre, qui s’y carrait sans le remercier autrement que d’un petit salut où voltigeait sur sa nuque le papillon de ruban