Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/356

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noir qui nouait sa perruque poudrée. Le dommage de tout cela, c’est qu’à voir faire Olympia les visiteurs avaient pris le pli d’agir de même, et ils en venaient à demander à M. de Galandot maints petits soins qui eussent mieux été le fait du petit valet Jacopo.

D’autre part, il arrivait qu’en somme Olympia ne pouvait plus guère se passer de M. de Galandot. Elle l’appelait à tout propos, qu’elle fût au lit ou à sa toilette. Il assistait à sa vie quotidienne en toute sa nudité et toute sa crudité, de telle sorte qu’il payait chaque année, de beaucoup de sacs d’or, le privilège de mêler sa vieillesse ancillaire aux turpitudes de cette jeunesse lascive et dévergondée, de vivre sous le toit d’une courtisane en commensal et à pot et à rot avec un rufian de l’espèce d’Angiolino.

Le bon M. de Galandot, en effet, quelles que fussent sa simplicité et sa naïveté, ne pouvait guère se méprendre sur la qualité de ses hôtes : ils ne prenaient, d’ailleurs, aucun soin de la dissimuler le moins du monde et ne se privaient pas de raconter les bons tours de leur métier. C’est ainsi que M. de Galandot connut les exploits d’Angiolino, ses fortunes diverses, et entendit parler tout haut de Mme Piétragrita et du cardinal Lamparelli et de maints autres personnages. Il sut donc que cette Olympia, à qui il obéissait sans réplique, avait traîné par les rues et les tavernes, que, née au populaire, elle avait montré ses guenilles à tous les carrefours de Rome et que c’était là pour lui une bien étrange compagnie.