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LA DOUBLE MAÎTRESSE

de cabinet, celui qu’il prenait le plus volontiers était de se promener au grand air des jardins.

Ceux de Pont-aux-Belles passaient pour fort beaux, et leur entretien coûtait cher en jardiniers de toutes sortes, les uns pour les fleurs, les autres pour les arbres, sans compter ceux qui veillaient aux fruits, aux légumes et aux plantes potagères. Mme de Galandot mit bon ordre à ce train superflu. Elle se conserva un certain Hilaire, expert aux semis, aux greffes et aux tailles, capable de lui tenir en état ses espaliers et ses plates-bandes ; pour le reste, elle s’en remit à la nature, qui fait pousser les arbres d’eux-mêmes, et se contenta de faire de temps en temps, avec l’aide de quelques paysans, émonder les charmilles et sarcler les allées où le pauvre M. de Galandot s’était promené si souvent, se baissant pour ramasser proprement une feuille oubliée par le râteau et qu’on retrouvait morte, le matin, dans ses poches, quand on les retournait pour les vider, en brossant son habit.

Comme on cessa de réparer les conduites d’eau des bassins, ils devinrent moins limpides, et l’un d’eux situé au bout du parc tarit presque ; mais Mme de Galandot entendait avant tout s’éviter la charge de ces agréments dispendieux.

Quand tout fut à son gré, elle n’y changea plus rien. Elle avait pour ainsi dire complété son caractère et s’y tenait.

Chaque jour, elle s’asseyait à une table également frugale et sobrement servie. Elle s’en levait pour regagner son appartement qu’elle ne quittait