Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/368

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quand il s’agissait de remplacer le défunt et de lui choisir un successeur, cela n’allait pas sans colères et sans rages et, quand il voyait le nouvel élu paraître à son tour, habillé en pape, il en ressentait un véritable transport de fureur jalouse qui le faisait trépigner de ses pieds goutteux et baver plus abondamment.

Nicolas, sur un signe du laquais, avait déposé la caisse devant le cardinal.

L’un des nombreux métiers d’Angiolino consistait à fournir la ménagerie de Son Eminence et c’étaient deux nouveaux pensionnaires qu’il envoyait M. de Galandot lui porter aujourd’hui.

Le premier était d’espèce minime et comme tout vêtu d’une sorte de bure poilue. Il avait un petit visage guilleret et fripé, l’air mendiant et fin ; le second, de plus grande taille, apparaissait vraiment monstrueux. Sa panse obèse et son dos gibbeux posaient sur des jambes cagneuses. Sa poitrine molle bombait. Presque sans cou, engoncé et difforme, il montrait un masque brutal et finaud, au mufle proéminent, aux mâchoires furieuses, aux babines gonflées, puis, brusquement, il se retourna et fit voir à ses fesses deux ronds de chair crue, à vif et qui semblaient saigner.

À la vue des laides et puantes bêtes, le cardinal Lamparelli ne put se tenir de rire. Sa figure jaunâtre s’épanouit ; il poussait des hoquets, il faisait signe qu’il voulait parler. Il regardait en battant des mains le grand laquais à la serviette, puis d’une petite voix entrecoupée et zézeyante il finit par dire :