Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/384

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distraire de la sienne, de telle sorte que M. de Galandot, ne trouvant rien d’autre à sa portée, fut réduit à se contenter d’une culotte trop courte, grossière et rapiécée, et d’une sorte de souquenille verdâtre.

Ce fut donc dans cet attirail que, n’osant se présenter devant Olympia, il descendit de lui-même à l’office où il subit les quolibets de la servante Julia, de la cuisinière romagnole et de Jacopo qui, enhardi par l’aspect comique du vieux gentilhomme, perdit d’un coup le peu de respect qu’imposaient encore la veille à un drôle de son espèce la canne à pomme d’or, l’habit à basques et la grosse perruque à l’ancienne mode de M. de Galandot.

Il ne répondait rien aux plaisanteries ; d’ailleurs il ne parlait à personne, penaud, interdit, craintif et encore tout moulu de son aventure ; il rôdait en bas dans le vestibule et s’esquivait au moindre bruit. Il se risqua pourtant à sortir du jardin. La petite chienne Nina y jouait. Elle allait et venait par les allées, justement en train de flairer du museau une touffe de buis, quand elle entendit le pas du promeneur. Elle leva la tête et regarda.

M. de Galandot se dirigeait vers elle sans la voir ; mais, quand la chienne l’aperçut, elle se mit à aboyer avec fureur contre cet intrus qu’elle ne reconnaissait pas. Sa colère se changea en une véritable hargne. La bestiole jappait furieusement. Elle tournait autour de M. de Galandot qui avait grand’peine à garer ses mollets, si bien que, pour éviter la dent du roquet, il grimpa sur la balustrade de la terrasse. La Nina ne désarma point. Satisfaite