Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/420

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Cette salle formait un cabinet de treillage. M. de Portebize se tenait au milieu sur un tabouret. Les panneaux de glaces se renvoyaient son image, de sorte qu’à première vue la pièce semblait habitée par plusieurs personnes ; mais M. de Portebize était à lui tout seul tous les bergers des miroirs, car il portait un costume qui, pour être galant, n’en était pas moins pastoral. De hautes guêtres de cuir parfumé lui montaient jusqu’aux cuisses ; sa veste, de couleur tendre, était ornée de nœuds et de bouffettes de rubans, dont un gros flot lui tombait de l’épaule. Il arborait un grand chapeau sur une perruque à boucles et s’exerçait à jouer d’une sorte de musette dont il portait la flûte à ses lèvres et dont il supportait sur ses genoux l’outre gonflée de vent.

En le voyant ainsi, Créange et Oriocourt éclatèrent de rire, et M. de Portebize prit part à leur gaieté, quoiqu’il trouvât tout aussi naturel que leurs uniformes son habit de Colin et son déguisement de garçon de village.

— « Sur ma foi, mon cher François, dit M. de Créange quand ils eurent retrouvé leurs esprits, nous ne nous attendions guère à te trouver en cet accoutrement. Peste ! la galante mascarade et le beau berger que tu fais là !

— M’est avis, mon François, ajouta M. d’Oriocourt, que la bergère n’est pas loin, et je gage de la voir bientôt apparaître avec sa houlette et sa panetière. »

M. de Portebize prit un air modeste et villageois.

— « Et nous pensons bien, dit en riant Créange,