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LA DOUBLE MAÎTRESSE

rosse attelé de chevaux d’Allemagne continua, chaque année, à conduire le couple à ses devoirs d’usage.

Aussi, le comte mort, fut-il poliment convoyé par tous ceux qu’il avait si poliment visités, mais sa femme augmenta dans son veuvage l’écart où elle s’était toujours tenue. Son nouvel état la dispensa pendant un temps de ces corvées annuelles, et ensuite, quand elle eût pu les reprendre, plusieurs avaient cessé d’elles-mêmes.

Il sévit à la ville une épidémie de petite vérole qui ferma trois ou quatre des maisons qu’y visitaient M. et Mme de Galandot. M. d’Estance était mort la même année que le comte et peu après lui. Le marquis de Blimont quitta le pays avec ses cinq filles pour une ambassade où il les emmena et en maria deux à des barons allemands, l’une en Souabe, l’autre en Thuringe, et une troisième en l’électorat de Cologne, à un jeune conseiller aulique qui l’engrossa et lui fit réparation. Ce qui restait s’accoutuma fort bien à ce que Mme de Galandot ne sortît plus de Pont-aux-Belles. D’autres devoirs l’y retenaient, elle s’y voua tout entière.

Les terres que comportait la seigneurie de Pont-aux-Belles étaient considérables et leur administration eût pesé à une femme de moins de tête que Mme de Galandot. Elle en prit la charge et s’y donna avec plus de soin encore qu’auparavant.

Dieu favorisa ses efforts. Elle le priait et, sans doute, l’en priait. La religion prit une grande place dans sa vie. Elle ne manifestait pourtant pas sa piété par des œuvres extérieures, car elle