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LA DOUBLE MAÎTRESSE

morale ou des arts, à s’imaginer comment avaient vécu les hommes d’autrefois, et particulièrement de l’antiquité. Les usages et les habitudes de l’humanité, l’intéressaient non moins que le spectacle des caractères et le jeu des passions.

À l’égard des femmes, sa doctrine était notamment excellente. Sans ignorer les dangers où le péché nous sollicite ni aucun de ses périlleux attraits, il n’estimait point qu’il suffît pour son salut de fermer les yeux. Il croyait qu’une exacte notion de la vie universelle est encore la meilleure condition pour bien diriger la nôtre ; qu’il importe avant tout d’être un homme et de rester en contact avec la créature et de se tenir en usage direct de la création.

À ces fins, il ne montrait aucune de ces sottes méfiances où se paralyse d’ordinaire la vertu et il était d’avis qu’on usât de tout en subordonnant ses désirs au choix de la raison.

C’est en ce sens qu’il aurait voulu diriger son élève ; il eût désiré former en lui des idées justes et saines de toutes choses et, dès les premiers jours, il chercha les entrées de ce jeune esprit, de façon qu’une fois introduit dans sa pensée il en pût éclairer l’intérieur d’une lumière égale, sûre et utile.

L’abbé Hubertet se sentait bien servi dans cette tâche par sa fine connaissance des âmes. Elle était d’autant plus aiguisée qu’il la devait à l’adversité et que cette dure institutrice impose à qui la subit une nécessaire clairvoyance pour percer les hypocrites détours où le monde cherche à nous perdre.