Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/78

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
78
LA DOUBLE MAÎTRESSE

boitillante. Ils reconnurent la funeste nabote qui n’avait jamais quitté les alentours du château et y reparaissait de temps à autre.

On arriva enfin au cimetière. Dans une fosse creusée de frais, on descendit M. de Mausseuil. La terre retomba par lourdes pelletées. La cérémonie terminée, les assistants se dispersèrent. Il y avait un grand arbre qui ombrageait le tertre. Sa terre brune tachait le gazon vert. L’abbé Hubertet et M. du Fresnay restés seuls s’assirent dans l’herbe ; des sauterelles y frémissaient et, où elles avaient sauté, un brin flexible tremblait légèrement. Julie s’amusait à les poursuivre. L’abbé la regardait toute blonde dans le soleil. Il faisait chaud, M. du Fresnay tira machinalement de sa poche une flûte de buis, en trois morceaux ; il l’essuya, la monta, y souffla doucement, puis doucement se mit à jouer une ariette. La petite Julie s’arrêta pour écouter, toute blonde, debout dans le soleil, et, comme il était midi, elle n’avait pas d’ombre autour d’elle.