Page:Réponse de l'Eglise orthodoxe d'Orient à l'encyclique du pape Pie IX, 1850.djvu/14

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l’Église romaine, et il dit : « Il faut que toute l’Église, c’est-à-dire que tous les fidèles de l’univers entier se rallient à l’Église de Rome, à cause de la prééminence de cette Église, où, en tout ce que les fidèles croient, a été conservée la tradition transmise par les apôtres.




RÉPONSE.


Les paroles de saint Irénée contre les hérétiques gnostiques dans leur texte primitif et inaltéré sont les suivantes : « Puisqu’il serait trop long (mais pas inutile, comme le dit le pape) d’énumérer les traditions de toutes les Églises, nous fermerons la bouche à quiconque pousse ses raisonnements plus loin qu’il ne faut, rien qu’en faisant prendre en considération la tradition des apôtres et la foi prêchée aux hommes, et parvenue jusqu’à nos jours, telles que les conserve l’Église très-grande, très-ancienne, et bien connue, qui est établie à Rome par les deux illustres apôtres Pierre et Paul (non par Pierre seul). C’est avec cette Église, à cause de son fondement très-solide, que doit s’accorder toute l’Église, c’est-à-dire les fidèles de tout l’univers ; car c’est bien là que se conserva toujours, jusqu’au temps d’Irénée, la tradition des Apôtres. »

De quelle manière pitoyable on a mutilé les paroles du saint Père ! Les mots : toute l’Église doit s’accorder, les mutilateurs, laissant de côté le contexte, ont transformé en phrase suivante : « Les fidèles doivent se rallier à l’Église de Rome à cause de sa prééminence. » Cette prééminence n’était pas encore inventée alors, et le bienheureux Irénée n’en savait rien. Ayant à disputer avec les gnostiques, il