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nature, mais peuvent se résumer ainsi : L’Angleterre refusait au Canada la réalité de ce self-government et de ces libertés parlementaires dont elle se montrait, pour elle-même, si jalouse. Le gouvernement de la métropole disposait de la plus grande partie des revenus de la colonie, notamment des recettes des douanes dont l’assiette était établie par le gouvernement métropolitain, sans consultation préalable de la colonie. Des deux assemblées dont l’accord était nécessaire pour la validité des mesures législatives dont l’initiative était laissée à la colonie, l’une, le « Conseil législatif » était recrutée en dehors de toute participation du peuple, ses membres étant nommés à vie par la couronne et presque exclusivement pris parmi les Anglais, voire même parmi les fonctionnaires du gouvernement. Rien d’étonnant donc qu’une pareille assemblée adoptât aveuglément tout ce que lui demandait le pouvoir et arrêtât au passage tous les projets de loi votés par la Chambre d’assemblée, quand ces projets n’avaient pas l’agrément du gouverneur et de l’oligarchie anglaise, qui croyait alors de son intérêt de maintenir les Canadiens français dans une étroite sujétion. La partialité du gouvernement en faveur de cette oligarchie se manifestait surtout dans la distribution des emplois publics. C’est ainsi que, sur une population comptant alors, pour tout le Canada, 600,000 habitants environ, dont 525,000 d’origine française, 47 officiers seulement et les moins rétribués appartenaient à la race française, tandis que 157 étaient d’origine britannique[1]. Ajoutons que les Canadiens français ressentaient très vivement l’espèce d’infério-

  1. L. N. Carrier. — Les évènements de 1837-38, page 11.