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INCITATUS

d’habits de femme, qui, par ses regards et ses gestes, insultait aux vaincus. Enfin parut le char du triomphateur. Debout, Caligula, revêtu d’une robe de pourpre brodée d’or, une couronne de laurier sur la tête, et tenant à la main gauche un sceptre d’ivoire surmonté d’un aigle d’or, avait le visage peint de vermillon, comme la statue de Jupiter aux jours de fête. Derrière lui, un esclave portait une couronne d’or éclatante de pierreries, et, chose qui jusqu’alors ne s’était jamais vue, à ses côtés était un magnifique coursier. Le cou orné d’un collier de perles d’un prix inestimable, couvert d’une housse de pourpre brochée d’or, le noble animal, relevant fièrement la tête sous les impériales caresses de son maître, rongeait, en frémissant, son frein d’or.

À ce spectacle, le peuple, qui aime toujours l’imprévu, fit retentir les airs de l’acclamation, mille fois répétée :

« Io triumphe ! Gloire à César, vainqueur des Allemands et des Bretons ! »

En ce moment, sur un signe de l’empereur, le cortège s’arrêta, et Caligula, élevant la voix, s’écria :

« Romains, ce magnifique coursier est un enfant de la Bretagne ; c’est ma conquête. Rien n’égale sa beauté que sa fierté ; plus rapide que les vents,