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ANIMAUX HISTORIQUES

Sur un signe, les esclaves emmenèrent Virginius au milieu de l’arène, où se tenait toujours Incitatus frémissant. Là, Virginius fut complètement dépouillé de ses vêtements. Les esclaves commencèrent alors à frapper ses épaules et ses reins nus ; bientôt le sang jaillit avec violence. Mais Virginius ne laissa pas échapper un cri, pas même un soupir ; seulement, il tenait constamment les yeux fixés sur Caligula, qui, ne pouvant soutenir cet inflexible regard, baissa les siens. Virginius s’en apercut, et, plein d’une noble fierté, il lui cria :

« Tu rougis, César, tu trembles ! tu le vois bien ; Virginius l’emporte sur toi. »

Caligula pâlit de rage ; cependant Virginius ne cessait pas de le fixer, et la colère de César montait, montait toujours… À la fin, comme fasciné, il se leve, tire son poignard, s’élance dans l’arène, et va d’un seul coup planter la lame dans le cœur de Virginius. Celui-ci tombe aussitôt et expire, et la foule frénétique bat des mains en criant :

« Vive César ! il a combattu, il a vaincu comme un dieu ! »

Ce jour-la même, 24 janvier an 40, comme Caligula revenait du Cirque, il s’arrêta sous une voûte de son palais, qu’il devait traverser pour