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ambroise va au prêche.

Mais les sentiments sont des dispositions naturelles que nous avons à suivre machinalement certaines lois qui nous ont été prescrites. Ainsi l’amour maternel est un sentiment inné. Ainsi l’instinct des animaux leur est inné ; il n’est, chez eux, ni le fruit de la réflexion, ni celui de l’expérience. Et comme j’appelle instinct leur adhésion aveugle à des conséquences dont ils ignorent les prémices, et que tous suivent sans qu’ils sachent pourquoi, je crois qu’il faudra donner le même nom à ceux de nos sentiments que tous les hommes suivent dès leur entrée au monde sans qu’ils y aient été formés et instruits. Il me semble évident, par exemple, que l’homme est porté, poussé à vivre en société, comme la fourmi, et le castor et l’abeille ; et que comme l’abeille n’est point ce qu’elle doit être si elle vit seule et séparée des autres abeilles, de même l’homme qui vivrait seul serait faible, ignorant, imparfait, et hors d’état de se perfectionner. Qu’a fait la nature ? une petite opération toute simple : elle nous a soumis à une loi qui nous porte à chercher nos semblables ; et voilà des villes, des lois, bonnes ou mauvaises, des tribunaux, des États, des empires.

— À quoi voulez-vous en venir ?

— À ceci. C’est que voyant tous les hommes s’accorder à rendre un culte bon ou mauvais à la puissance supérieure, je soupçonne qu’ils y sont portés par une loi de laquelle ils ne se doutent pas ; et je vous avoue que si le Créateur a