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le vieux cévenol.

usé de ce moyen, je le trouve plus court que s’il avait abandonné cette conséquence à la lenteur de leur expérience et à l’incertitude de leurs raisonnements. Cependant je puis me tromper, — cela m’est arrivé si souvent ! — j’ai eu le malheur de relever avec tant de mépris et de légèreté des opinions que j’ai ensuite adoptées, que je ne veux plus combattre les sentiments d’autrui qu’avec les égards que je dois à des hommes qui peut être pensent mieux que moi.

— Vous croyez donc que le Créateur nous inspire de réciter certains formulaires, de fléchir les deux genoux, de nous tourner vers l’Orient, de mettre une robe blanche de fin lin, de chanter vêpres et mâtines ?

— Je ne vous ai parlé que de l’idée simple qu’il peut avoir gravée au cœur de l’homme, et non des accessoires que les hommes peuvent y avoir ajoutés. Dieu dit à tous : « Adorez-moi en esprit et en vérité ; » l’imagination et le luxe des hommes ont fait le reste. S’il y a un Dieu et qu’il nous soit connu, nous ne pouvons éviter de l’admirer ; or l’admirer, c’est l’adorer. Mais l’adorer tout juste au soleil levant ou bien à minuit précis, admirer ses perfections avec un surplis bien blanc, ou avec une robe d’étamine noire, chanter en plain-chant ou en quatre parties, c’est ce que chacun peut faire selon sa conscience ; et si j’étais roi, je ne voudrais point persécuter ceux qui chanteraient d’une ou d’autre façon.