Page:Rabelais - Gargantua, Juste, Lyon, 1535.djvu/108

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amitié avecques luy, & tous ces ancestres conceue, laquelle iusques à present comme sacrée ensemble aviez inviolablement maintenue, guardée, & entretenue, si bien que non luy seullement, ny les siens, mais les nations Barbares, Poictevins, Bretons, Manseaux, et ceulx qui habitent oultre les isles de Canarre, & Isabella, ont estimé aussi facile demollir le firmament, & les abysmes eriger au dessus des nues, que desemparer vostre alliance : & tant le ont dedoubtée en leurs entreprinses, que n’ont iamais ouzé provoquer, irriter, ny endommaiger l’un par craincte de l’aultre. Plus y a. Ceste sacrée amytié tant a emply ce ciel, que peu de gens sont auiourd’huy habitans par tout le continent & isles de l’Ocean, qui ne ayent ambitieusement aspiré estre receuz en icelle à pactes par vous mesmes conditionnez : autant estimant vostre confederation que leurs propres terres, & dommaines. En sorte que de toute memoyre n’a esté prince ny ligue tant esserée, ou superbe qui ait ouzé courir sus, ie ne dys pas vos terres, mais celles de vos confederez. Et si par conseil precipité, ont encontre eulx attempté quelque cas de nouvelleté, le nom & tiltre de vostre alliance entendu, ont soubdain desisté de leurs entreprinses. Quelle furie doncques vous esmeut maintenant, toute alliance brisée, toute amytié conculquée,