Page:Rabelais - Gargantua, Juste, Lyon, 1535.djvu/109

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tout droit trespassé, envahir hostilement ses terres, sans en rien avoir esté par luy ny les siens endommaigé, irrité, ny provoqué ? Où est foy ? où est loy ? où est raison ? où est humanité, où est crainte de dieu ? Cuyde tu ces oultraiges estre recellées es espritz eternelz, & au dieu souverain, qui est iuste retributeur de vos entreprinses ? Si le cuyde, tu te trompe, car toutes choses viendront à son iugement. Sont ce fatales destinées, ou influences des astres qui voulent mettre fin à tes ayzes & repous ? Ainsi ont toutes choses leur fin & periode. Et quand elles sont venues à leur poinct supellatif, elles sont en bas ruinées, car elles ne peuvent longtemps en tel estat demourer : c’est la fin de ceulx qui leurs fortunes & prosperitez ne peuvent par raison & temperance moderer. Mais si ainsi estoit phée, & deust ores ton heur & repos prendre fin, failloit il que ce feust en incommodant à mon roy : celluy par lequel tu estoys estably ? Si ta maison debvoit ruiner, failloit il qu’en sa ruyne elle tombast suz les atres de celluy qui l’avoyt aornée ? La chose est tant hors les mettes de raison, tant abhorrente de sens commun, que à pene peut elle estre par humain entendement conceue : & tant demourera non creable entre les estrangiers, iusques à ce que l’effect asseuré & tesmoigné leur donne à