Page:Rabelais - Gargantua, Juste, Lyon, 1535.djvu/42

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Vignette 42
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Uis affin que toute la vie feust bon chevaulcheur, l’on luy feist un beau grand cheval de boys, lequel il faisoyt penader, saulter, voltiger : ruer & dancer tout ensemble, aller le pas le trot, l’entrepas, le gualot, les ambles, le hobin, le traquenard, le camelin, & l’onagrier. Et luy faisoyt changer de poil, comme font les moines de courtibaux selon les festes, de l’ailbrun, d’alezan, de gris pommellé, de poil de rat, de cerf, de rouen, de vache, de zencle, de pecile, de pye, de leuce. Et luy mesmes d’une grousse traine, feist un aultre cheval pour la chasse, et un aultre d’un fust de pressouer à tous les iours, et d’un grand chaisne une mulle avecques la housse pour la chambre. Encores en eust il dix ou douze à relays, & sept pour la poste. Et tous mettoit coucher auprès de soy. Un iour le seigneur de Pinensac visita son père, en gros train et apparat, on quel iour l’estoyent semblablement venuz veoyr le duc de Francrepas & le comte de Mouillevent. Par ma foy le logis feut un peu estroict pour tant de gens, et singulierement les estables : dont le maistre d’hostel et fourrier dudict seigneur de Painensac pour sçavoir si ailleurs en la maison estoyent estables vacques : s’adressèrent à Gargantua ieune garsonnet, luy deman-