Page:Rabelais ou imitateur - Le Disciple de Pantagruel, éd. Lacroix 1875.djvu/21

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léniste Vatable. Aux chapitres X et XI, les Farouches, « qui sont gens veluz comme rats et de telle couleur, qui habitent en cavernes au fons de la mer, qui ont grans dents et longs comme alesnes pour prendre les poissons en la mer, desquels ils vivent et mangent à la moustarde » y représentent les moines en général, et principalement les Ordres mendiants. Au chapitre XXI, l’île des Papillons est incontestablement une terre domaniale de la Papauté : « Les courges ou cucurbites (citrouilles et potirons) y croissent si grandes et si grosses qu’ilz (les Papillons) en font les maisons et les églises, près qu’ilz en ont osté tout ce qui est dedans. » Cette île des Papillons est aussi le pays des grues, qu’on y voit voler « par grandes bandes toutes rosties et toutes lardées ».

Le chapitre XXX, qui est composé de quatrains et de huitains, énumère les pluies, si diverses et si singulières, qui se succédaient sans cesse dans une île, dont « les passaiges estoient tant pleins de mesnage et aultres choses » qu’on n’y pouvait passer.

Le unziesme jour furent adventures :
Il pleut abayes et masures,
Moynes noirs, nonnains, celestins,
Chartreux, cordeliers, augustins.
Gens aspres assez, je vous asseure :
C’est une bonne nourriture,
Et puis après il grésilla
En latin, Ego fiagella,

On ne peut pas douter que ce petit livre rabelaisien, plein de pantagruélisme comme le Gargantua de la première édition (1535), ne fût, dans la pensée de l’auteur, une satire bouffonne de la société, que