Page:Rabelais ou imitateur - Le Disciple de Pantagruel, éd. Lacroix 1875.djvu/22

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le protestantisme, inauguré par Luther, avait la prétention de transformer sous les auspices des nouvelles doctrines. Pantagruélisme était donc synonyme de philosophie générale.

Nous n’avons pas sans doute tous les petits livres du même genre que Rabelais avait composés pour la récréation de ses malades et pour la vulgarisation de ses idées de réforme. Le chapitre XXXIV du IIe livre de Pantagruel nous annonce ainsi plusieurs de ces traités pantagruéliques, qui n’ont jamais été imprimés ou qui se sont perdus : « Vous aurez le reste de l’histoire à ces foires de Francfort prochainement venantz, disait Rabelais en 1532, et là vous voyrez comment Panurge feut marié et cocqu le premier moys de ses nopces, et comment Pantagruel trouva la pierre philosophale et la manière de la trouver et d’en user ; et comment il passa les monts Caspies ; comment il navigua par la mer Atlantique et deffit les Cannibales et conquestales isles de Perlas ; comment il espousa la fille du roy d’Inde nommé Presthan ; comment il combattit contre les diables, et feit brusler cinq chambres d’enfer, et mit à sac la grande chambre noire, et jecta Proserpine au feu, et rompit quatre dentz à Lucifer et une corne au cul, et comment il visita les régions de la Lune. » C’eût été la suite des aventures de Panurge et de ses Navigations, si Rabelais avait tenu ses promesses.

Mais il n’avait plus songé à continuer la publication de ses premières ébauches pantagruéliques, dès qu’il eut commencé à les transfigurer dans un ouvrage définitif, qui ne s’adressait plus aux malades, aux pauvres goutteux et véroles, quoiqu’il leur