Page:Rabelais ou imitateur - Le Disciple de Pantagruel, éd. Lacroix 1875.djvu/58

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prochaines parentes de la royne, chascune en son ordre, selon son degré et qualité, lesquelles il faisoit moult bon veoir. La royne et les dames du sang avoient toutes leurs robbes de fin voirre cler et resplendissant à grandes bandes de plomb.

Les aultres avoient robbes de fines cornes, bandées de bois bien uny et rabotté ; les aulcunes les avoient bandées de fer blanc, et les aultres avoient robbes de vessies de porc, ou de beuf, les aultres de boyaulx, et les aultres de toille, et les aultres de papier.

Quand elles furent toutes assises selon leurs dignitez, on leur apporta à chascune pour entrée de table la belle grosse chandelle de mouton, aussi blanche comme belle neige. Celle de la royne est plus grosse que nulle des aultres. Elles furent toutes allumées, et lors rendirent si grandes clarté et lumière qu’il sembloit que l’on fust en plain mydy. La royne fut servie la première de goabins, qui est une viande fort exquise au pays des Lanternoys, car je n’en veis jamais alieurs.

Les aultres dames du sang pareillement. Les aultres furent servies de bourboufles, qui ne sont pas si chères ne si fortes à trouver que les goabins.

Elles eurent des nudrilles bouUies en eaue froide, de peur qu’elles ne sentissent la fumée, et puis après des hannicroches rosties avecq charbon et glace, de peur qu’elles ne leur brûlassent les dens.