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— Ah ! je te présente un policier, dit brutalement M. Fayor à sa fille. Monsieur nous tombe de Paris sous prétexte que nous y avons connu, il y a cinq ou six ans, un pantin du nom de Victorien Barthelme, aujourd’hui en fuite pour cause de mauvaises mœurs. »

Renée se redressa, plus intrépide en face d’un danger réel que dans ses luttes avec sa conscience. Elle salua froidement l’envoyé de la police, et alla lui ouvrir les portes du grand salon de Tourtoiranne.

— Mademoiselle, commença l’homme, tout radouci par cette belle fille qui l’introduisait dans une pièce d’honneur, au lieu de l’écouter dans une antichambre, selon le procédé du Sabreur, je dois rétablir les faits, il ne s’agit pas de police dans tout ceci : monsieur votre père s’emporte si vite qu’on ne peut pas lui développer ses idées.

— Développez, Monsieur, fit Mlle Fayor en prenant un éventail qu’elle se mit à agiter tranquillement.

— Il a disparu d’un monde assez interlope, je l’avoue, un viveur du nom de Victorien Barthelme ; il n’avait ni famille, ni domestiques, mais quelques créanciers tenaces, quelques compagnons de plaisir…

— Et en quoi ce viveur nous intéresse-t-il ? grommela le général qui arpentait le salon.

— Mon général, vous m’interrompez toujours au même endroit.

— Continuez, je vous prie, dit la jeune fille, très calme.

— Ce viveur a disparu sans que rien pût le faire prévoir. Donc, il s’est sauvé. Première hypothèse.