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parti dans les bois, rêvant de leur douce folie, ne pouvant s’imaginer encore qu’elle l’aimait sans se moquer de sa ridicule misère.

Elle était tranquille de ce côté, il ne reviendrait pas, elle l’avait congédié si durement qu’il s’était sauvé comme un baby qu’on menace du fouet.

À la fin du dîner, le général et le policier, chacun conservant ses distances, étaient les meilleurs amis du monde. M. Jarbet expliquait ses théories, absolument fausses, du reste ; il disait combien les journaux de la capitale bavarde sont gênants dans leurs divagations : la disparition très simple de ce pauvre Barthelme avait défrayé pendant une semaine les petites feuilles aux abois ; on jurait, sans le savoir, qu’il était mort d’une mort violente, victime de quelque mari trompé.

M. Fayor parlait avec une complaisance non dissimulée de la publication prochaine de son livre sur la guerre. Il comptait un peu sur ce livre pour la réussite d’une grande affaire politique qu’il préparait à la sourdine, et dont le but microscopique était de faire dégommer le maire de Gana-les-Écluses.

— La députation ? demanda le policier ravi.

— La députation ? répéta Renée effrayée.

— Nous verrons…, nous verrons ! mâchonna le général, qui se défiait des femmes en toutes choses.

— C’est dommage que Bruno soit sorti, j’aurais fait lire un passage à Monsieur, ajouta-t-il. »

Renée s’empressa d’appeler Mérence.

— Est-ce que le secrétaire est ici ? demanda-t-elle