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CHAPITRE IV



Mélibar, tout sellé, piaffait dans la cour de Tourtoiranne. Sa maîtresse se faisait attendre ce matin-là, et il s’en prenait à Nono, sa haine favorite. Nono riait, se tenant à distance, mais, plus fanfaron que Mélibar, il le regardait en face pendant que celui-ci lançait de sournoises ruades sur le côté.

Renée parut enfin ; il était huit heures. Du haut du perron dominant le village, on voyait s’élever déjà les brouillards de la rivière. Elle contempla un instant ce paisible tableau, et ces deux créatures si bonnes toutes deux qui s’essayaient à devenir furieuses.

Renée était grave. Ses yeux qu’elle n’avait point touchés au crayon se cerclaient largement de noir ; ses cheveux mal rattachés ressemblaient aux vapeurs dans lesquelles brillaient l’eau et le soleil. En cherchant bien, on aurait peut-être trouvé des pleurs