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dans les mille brins de cette chevelure fluide. Son amazone aux longs plis sombres lui donnait un aspect tout royal que sa bouche serrée accusait encore davantage. Elle descendit d’un pas très lent, comme à regret, les marches du perron. Le valet allait lui amener Mélibar, quand Nono fit un esclandre. Il prit la bride, puis, sans détourner la tête, il tira. Mélibar se laissa faire avec la stupeur d’une bête victime d’un accès de délire.

— Vous avez raison ! » signez la paix aujourd’hui, dit Renée toujours grave, pendant que le domestique s’esquivait prévoyant des suites fâcheuses. Nono secoua le front, Mélibar l’encolure. Alors Mlle Fayor, s’accoudant sur la selle, força par la cravache le cheval à plier les jarrets devant Nono charmé.

— Tu vois, murmura-t-elle d’un accent douloureux, nous ne sommes pas fiers. »

Le jeune homme saisit la crinière à pleines mains pour baiser quelque chose qui la frôlerait durant sa course matinale.

— Que je suis heureux ! bégaya-t-il. »

Mélibar n’osait plus souffler.

— Bah ! mon pauvre Nono, c’est un bonheur bien illusoire.

— Voulez-vous que je vous mette en selle, demanda-t-il tout frémissant ? Je crois bien que je saurai.

Mais Renée se redressa :

— Non ! après, je ne pourrais pas partir. »

Il ne comprit pas trop et fit une moue.