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— J’accepte », répliqua Renée, dont la vue s’obscurcissait.

Il vit qu’elle était à bout de forces et l’emporta dans ses bras à travers le parc.

Elle ne résista pas, et se borna à détourner son front de la barbe du duc. Ce frôlement soyeux lui donnait des sensations cuisantes.

M. de Pluncey reprit le chemin par lequel il était venu et fut devant les Combasses en un quart d’heure.

— Je vous fatigue, Monsieur ? balbutia la jeune fille.

— Je ne vous répondrai pas ce qu’on répond généralement, mademoiselle, en vous comparant à une fleur ou à une plume, car il me semble peu flatteur d’être tenu pour aussi maigre qu’une tige de scabieuse ou aussi vaporeuse qu’un duvet d’autruche, mais je puis cependant vous assurer que votre poids ne dépasse pas celui d’une jolie personne.

— Encore un amateur ! » pensa Renée fatiguée déjà de ce langage passionné dans cette bouche calme.

Elle aperçut indistinctement des gens qui accouraient en poussant des cris. Il y avait beaucoup de monde dans ce désert.

Un immense lit de repos fut installé, des coussins s’empilèrent autour d’elle, et le duc, un peu médecin, finit par découvrir la meurtrissure de la tempe qui bleuissait sous les cheveux légers. Il s’étonna de l’énergie de l’amazone qui n’avait pas même daigné lui montrer une blessure pourtant si bien placée.

Renée s’appuya sur les édredons.