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nono

cher, nous allons fermer la grille et rattraper le sauvage. »

Nono oublia les lettres. Il se précipita dans le corridor conduisant à la chambre de Renée et heurta joyeusement. Elle ouvrit.

— Vous êtes pâle, Nono, dit-elle.

— Mélibar est revenu ! »

Ce fut tout ce qu’il put accentuer, il tomba sur une chaise, à moitié suffoqué.

— Allons-donc !

— Les femmes sont traîtres ! ajouta Nono se mordant les poings.

— Je te jure sur l’honneur que Mélibar a agonisé devant moi, dans l’étang des Combasses !

— Va voir dans la cour, maintenant ! »

Elle y alla, mais elle ne s’y trompa pas, ce Mélibar n’était pas le vrai, car il ne témoigna aucune joie en revoyant sa maîtresse. Renée ne dit rien. Son père fut persuadé, lui.

— Je savais qu’on nous le détenait. Mille tonnerres ! ce doit être le maire de Gana.

— Pourquoi pas le duc de Pluncey !… murmura Renée ironiquement.

— Parbleu ! oui ! pourquoi pas ? Un sacripant qui ne répond pas à mes provocations. Oh ! si je mets la main dessus !… »

Et il ordonna à tous les domestiques présents de faire des enquêtes au sujet du recéleur de Mélibar.

Le lendemain matin Renée gagna son petit salon