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chaudes et il y avait une bergère à travers ce qu’il lisait. Il voyait cette bergère assise sur les branches basses de l’arbre, lui tendant des poignées de fleurs, montrant ses jambes nues.

Ce jour-là, Nono se crut malade… En eût-il parlé à sa mère, il n’aurait pas été plus avancé, car certainement sa mère ne lui aurait pas répondu.

Dans l’ombre de la salle, une lâcheté l’envahissait, lâcheté souffrante qui lui aurait fait commettre des crimes pour pouvoir embrasser une fois encore cette femme cruelle. Renée posa l’index sur les cheveux noirs de Nono.

— Enfant ! » fit-elle le cœur oppressé.

Elle avait dépensé beaucoup de force pour lui dire tout ce qu’elle lui avait dit.

— Je voudrais être un homme ! » murmura Nono.

Mlle Fayor essaya de rire.

— Moque-toi des femmes ! répéta-t-elle.

— Vous me tuez ! »

Renée haussa les épaules.

— Si tu y tiens… oui ! pourtant, je ne suis pas digne de toi. Nono, je me marie pour te fuir ! Je me montre odieuse pour que tu me haïsses !

— Oh ! taisez-vous ! taisez-vous donc ! je voudrais que vous fussiez la dernière des misérables. Vous m’accepteriez peut-être pour soutien alors ! Nous irions très loin, je vous cacherais. Vous n’auriez pas honte du pauvre Nono, car son honnêteté rachèterait vos fautes. Renée, avant de nous quitter, dites-moi