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— Mademoiselle, je me cache, j’ai peur, je vous supplie de me protéger ! »

Il avait un sourire si sardonique en affectant la terreur que Mlle Fayor alla à lui.

— Que se passe-t-il donc, monsieur ?

— Mon Dieu, mademoiselle, je suis traqué comme un véritable fauve. Monsieur votre père a la rage de me demander une satisfaction que je ne veux… plus lui donner. Monsieur son secrétaire a la rage de vouloir m’expulser, il s’ensuit que je deviens enragé et me vois réduit à faire tête à la meute ! »

Renée remise à peine de son émotion tendit machinalement la main au duc.

— Sous le toit de mon père, il n’y a que mon père qui commande, mais, ici, je suis chez moi. Veuillez entrer, monsieur.

Elle le conduisit jusqu’à la salle de bain. Nono s’il eût osé aurait hurlé de douleur. Il rejoignit le château à moitié fou, pendant que Largess s’en allait du côté opposé.

Renée s’était mis une écharpe sur la tête ; ses pieds nus éclataient de blancheur dans les petites mules pourpres.

— Je vous fais mes excuses, mademoiselle, reprit le duc, d’abord au sujet de mon altercation sur vos domaines, ensuite, pour tous mes mensonges : je n’ai jamais été traqué, j’ignorais que votre père fût chez moi et… je voulais tout simplement vous voir. »

En achevant sa phrase, il leva les yeux, souriant avec une certaine hardiesse.