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gnettes, on approuvait sans restriction. Lorsque M. Fayor arriva à ses propriétés labourées par de vieilles lames de sabres (ce qui était une figure de Bruno pour désigner les fermiers de l’orateur anciens enfants de troupe), il n’y eut qu’un hourra, quoiqu’au fond cela ne signifiât pas grand’chose pour l’élection. Et il leur apprit que si les étrangers du parti adverse, royalistes enragés, faisaient retourner le sol de leur nouveau terrain, c’était avec des engins anglais, des machines cruelles supprimant toujours, à l’occasion, un bras ou une jambe et… surtout la main-d’œuvre ! Une interdiction de la force humaine par la brute matière !

Des femmes vinrent ouïr, derrière l’étal des bœufs : la jupe se trouva de l’avis de l’éperon ; elles poussèrent de véritables cris.

D’ailleurs, le général n’avait pas d’opinion politique. Il était patriote : la France et son livre…, voilà !

Les choses trop françaises, il les expliquait en patois et quand il ouvrit ce livre pour saisir la réunion d’un chapitre relatif à la paix, il fit des traductions qu’on couvrit d’applaudissements.

La paix, c’était une paix en éveil, la véritable, l’unique… la vraie paix du Sabreur, enfin, prête à casser sur le dos des gens tous les morceaux de sucre qu’on lui présenterait pour l’adoucir !

Et la vieille grange immobile dans son manteau de folles herbes, habituée aux hue ! dia ! des bouviers, n’avait jamais rien entendu d’aussi magnifique.