il va vous tondre, mon cher Bruno. Il a décidément le goût des cheveux longs. Un mauvais goût, à mon avis. »
Enfin, exaspéré, Bruno se retourna.
— Mademoiselle, dit-il, les yeux presque humides, je crois que je vais le lâcher. »
Il fallait qu’il eût bien bon caractère, car il dit cela avec une douceur enfantine, n’y tenant plus, prêt à fuir si elle lui ordonnait de rester.
Alors Renée frappa tendrement sur le dos frisé de son chien.
— Miss Bell, vous allez prendre sa place. Montrez à ce grand inepte comment on tient une bride, allez ! allez !
Miss Bell, obéissante, alla prendre la bride dans sa gueule, et, gravement assise devant Mélibar, elle le tint en respect.
Mélibar, débarrassé de l’objet de sa haine, ne bougea plus.
— Vous voyez, fit Renée, riant avec l’architecte de la mine ébouriffée de Bruno, ce n’est pas malin. Ah ! vous êtes un fameux écuyer ! Mais courez donc, je vous prie, me chercher l’épure corrigée par vous sous la direction de papa, et rapportez-moi en même temps mon courrier, si le facteur est venu ce matin.
Sans répliquer Bruno partit, avec une morne résignation.
Mlle Renée Fayor avait vingt-trois ans. Elle était fort belle, mais d’une beauté tout étrange. Blonde, d’un blond clair comme une cendre à travers