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— Parce que ! » Et Bruno n’osa pas dire qu’une bonne parole, même de la part d’un cocher, lui allait au cœur.

On tourna un sentier.

— Hier, j’ai trouvé là un drôle d’homme, reprit Félix — je montais la jument de monsieur le duc, — un homme tout tordu et une vache très cornue !

— Le père Sancillot, fit Nono pour dire un mot obligeant.

— Oui, le père Sancillot… qui m’a parlé de Tourtoiranne où il a été élevé. Il paraît savoir son histoire en détail. On n’y reçoit guère, chez vous ! Ce n’est pas comme aux Combasses où les pourboires pleuvent. J’y suis depuis une semaine et j’ai déjà amassé presque une dot !

— Vous désirez savoir, n’est-ce pas… combien de réunions politiques ont eu lieu dans les salons du général ? demanda Bruno impatienté.

— Mon Dieu, non ! monsieur Maldas, je n’espionne pas pour le compte du duc de Pluncey. Je cause… car j’aime à causer… Mais, par exemple, si Tourtoiranne est calme le jour, on prétend que la nuit… »

Une rougeur intense colora les joues roses de Nono.

— Eh bien, la nuit ? interrogea-t-il anxieux.

— Ah ! ah ! voilà qui commence à vous intéresser.

— La nuit, monsieur le secrétaire, on voit venir des beaux messieurs avec des pardessus sous le bras et ils demandent au père Sancillot où vous demeurez ? »