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nono

— Bien entendu, il n’a pas dit son nom. »

Félix hésita un instant.

— Au contraire !

— C’est impossible ! s’écria Nono hors de lui.

— Pourquoi voulez-vous que ce soit impossible ? Vous connaissez donc l’oiseau nocturne ? »

Nono jeta un regard de mépris au valet.

— Aussi bien que vous, peut-être !

Félix, cette fois, leva les paupières très haut pour ne rien perdre des mouvements du jeune homme.

— Il s’appelait, fit-il, négligemment, il s’appelait Victorien Barthelme… »

Nono aurait vu le soleil descendre qu’il ne serait pas devenu plus pâle.

— Victorien Barthelme ! » balbutia-t-il.

Celui-là même qu’un ami cherchait partout et de qui on lui avait défendu de parler. Il venait aussi la nuit ?

— Il paraît que c’est un ancien protégé du général, continua le cocher de M. de Pluncey.

— Je ne sais pas, bégaya Nono, ahuri par cette révélation.

— Et qu’il avait dû, jadis, vous précéder dans votre emploi de secrétaire particulier.

— Je ne sais pas, répéta Nono d’un accent qui allait s’assourdissant de plus en plus.

— L’avez-vous vu souvent à Paris ?

— Je ne sais pas » …

— Comment vous ne savez pas ? dit Félix d’une voix impérieuse, mais vous êtes de la maison, vous, on reçoit devant vous ceux qui entrent !… »