Page:Rachilde - Nono, 1885.djvu/218

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
210
nono

Ce coup de fouet secoua la torpeur de Nono, il releva le front. Obéir plus longtemps aux ordres de Renée lui eût semblé lâche : elle lui avait défendu de parler, il parlerait…

— Je crois, en effet, me rappeler que M. Barthelme est venu un jour à l’hôtel Fayor, il m’a fait demander…

— À quelle époque ? précisez !… interrogea Félix en se redressant violemment.

— C’était…, c’était au mois de janvier.

— Le général savait-il cela ?

— Non, j’étais seul pendant cette visite.

— Et Barthelme voulait ?… »

Félix oublia de dire : Monsieur Barthelme ; il paraissait très agité.

— Il ne voulait rien… Est-ce que je me rappelle ?… Et qu’est-ce que cela peut vous faire ? »

Nono ne voyait plus. Son cœur battait à rompre sa poitrine. Félix tira le petit carnet des notes électorales et y inscrivit rapidement quelque chose.

Ce Victorien qu’elle défendait ! lui aussi !… Tous, bientôt, seraient lui aussi !…

— Oh ! cela ne me fait rien ! dit le cocher répondant à la question dernière et il ajouta :

— Nous sommes trop près de Tourtoiranne. Maintenant, monsieur Bruno, je vais vous souhaiter le bonjour, votre compagnie est fort aimable, seulement je vous ferai remarquer que nous n’avons pas parlé politique. Vous me devez votre estime. »

Nono continua son chemin et ce ne fut qu’en arri-