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nono

écrivit très vite pendant que Largess s’ébrouait au dehors :

« Je me porte bien. Je ne tiens pas à vous rencontrer. Il y a de l’eau, on éteindra. Vous êtes infâme et charmant. N’attendez plus. »

Et quand Largess fut parti, elle pensa tout haut.

— Si je n’ai pas oublié mon code des viveurs, il sera là, malgré les orages amoncelés… et coûte que coûte il les dissipera ! »

Soudain, elle bondit jusqu’au seuil ; Bruno la cherchait autour des massifs ayant l’aspect repentant d’un terre neuve qui traîne une chaîne cassée.

— Nono ! » cria-t-elle.

Il s’avança, les yeux baissés.

— Je suis bien heureux de vous retrouver un instant là… toute seule comme un matin… vous savez, ce matin qui sentait si bon ? »

Et il aspirait, en parlant d’une voix étranglée, l’odeur pénétrante de l’arum.

Elle prit les mains du jeune homme et, pesant un peu sur ses poignets, elle le fit s’effondrer à genoux dans sa longue robe.

— Mon pauvre Nono, mon enfant ! fit-elle avec désespoir.

— Ne pleure pas, Renée, nous ne pourrons jamais nous comprendre… je suis trop petit, vois-tu !…

Et il s’efforçait de rire malgré les spasmes de sa poitrine, démentant sa gaîté.

— J’ai peur ! balbutia Renée en frissonnant d’une