Page:Rachilde - Nono, 1885.djvu/233

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
225
nono

— Des paroles bien simples : Barthelme demandait le chemin de votre demeure… ou mieux, de la demeure d’un sieur Bruno Maldas, votre secrétaire.

— Mon secrétaire ?

— Parfaitement… et depuis… pesez bien ces mots, il n’a pas reparu !

— Le paysan ?

— Non… Barthelme !

— Ah ! c’est trop comique !… Mais, mille baïonnettes, vous m’exaspérez avec ce Victorien… un fichu drôle, un parasite ! Certainement, j’ai eu la bêtise de le recevoir jadis, puis je l’ai mis à la porte. Est-ce une raison pour qu’on m’envoie tous ses amis me le réclamer ?…

— Je ne suis pas de ses amis, général ! fit remarquer sévèrement le juge d’instruction, je représente la justice.

— Eh bien, imaginez-vous par hasard que ce soit moi qui ai assassiné votre pantin ? »

Et le général tout à fait à son diapason vint mettre ses moustaches hérissées sous le nez du magistrat.

Celui-ci, en dépit du sérieux de rigueur pour la justice, eut un rire sonore.

— Par exemple !… général ! par exemple ! Il s’agit d’une simple disparition… on cherche… on s’instruit, c’est dans le pays que cet homme s’est égaré… voilà tout. Et vous trouverez bon, n’est-ce pas, qu’on interroge un peu… oh ! pour la forme, les domestiques… les voisins… Vous avez une fille ? »