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rière une vierge peinte en vert. La mariée étudiait les combinaisons lumineuses des rosaces du chœur. Elle prononça un oui sonore, presque dur. Lui répondit un oui discret, presque un souffle. Ceux qui tinrent le poêle les virent rougir, mais ce pouvait être un reflet du vitrail. Tout était fini… duchesse de Pluncey à jamais !…

Le bal commença vers sept heures et demie pour les vassaux, dans la cour d’honneur illuminée, et vers dix heures pour les invités.

L’aspect du château était féerique. Les vieux paysans, émus, arrivaient appuyés sur le bras de leurs enfants afin de bénir tout le monde, les larmes aux yeux.

Du côté du duc, on avait fait « largesse au peuple ». Du côté du général cela s’était appelé « fraterniser avec la troupe ! » Et le pauvre curé de Gana devait compter encore dans sa petite sacristie, toute chaude d’encens, des poignées de pièces d’or. Une joie sans nuage régnait partout. Les cochers des Combasses prenaient le menton des fermières de Tourtoiranne, et les fermières des Combasses caquetaient en compagnie des ordonnances du château.

Les nouveaux époux se trouvaient près des grands balcons de pierre qu’on avait vitrés pour en faire une serre fleurie. Le parquet du salon frémissait derrière eux sous les ébranlements d’une valse. Les officiers passaient et repassaient, unis aux jupes de tulle comme des météores enveloppés d’une légère vapeur…

— Renée ! ma femme », disait le duc penché sur la