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Ils s’embrassèrent longtemps. La mère pleurait, cela lui soulageait l’âme. Nono, lui, ne pouvait pas. Elle raconta tout ce qu’elle savait, il avoua tout ce qu’il avait appris. C’était peu en comparaison de l’accusation.

— Tu aimes cette duchesse, fit la veuve secouant l’index, tu l’aimes, toi qui ne comprends rien aux femmes ?

— Oh ! maman… je n’en guérirai pas !

— C’est elle qui te perd… j’en suis sûr !

— Non… elle est bonne… seulement elle a un secret. Je ne cherche pas à le connaître. Elle m’aime, je te le jure. Tu ne l’as pas vue, toi, me défendre au milieu de tous ses invités qui voulaient me livrer.

— Je n’ai pas vu… tant mieux ! Envoyant je serais devenue peut-être aveugle comme l’est ton cœur, fils ! Enfin, tu ne ressembles guère à un duc, toi… et Mme Maldas souriait amèrement.

— Qui sait si ce n’est pas pour cela que je lui plais ?

— Ah ! mon pauvre ! mon pauvre, elle t’a rendu fou ! Si elle connaît le cadavre, elle devrait dire où il est enterré, sans accuser personne…, les cadavres parlent bien tout seuls. »

Nono pressa contre sa poitrine les mains de sa mère.

— Maman, ne révèle jamais ce qu’elle t’a dit. Il faut, vois-tu, que je demeure ici jusqu’au jour où elle voudra me délivrer, je sens que c’est mon devoir. Renée Fayor ouvrira ma prison, tu verras !

— Que dis-tu, Renée Fayor ? elle est mariée depuis hier