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nono

— Nono ! Nono ! répéta-t-elle, vous aussi, vous l’appelez Nono ?

— Oui, madame, c’est un nom d’amitié. Il est si simple, ce grand garçon !

— Voulez-vous lui porter une lettre de ma part ? » dit Renée en lui prenant la main.

La veuve se retira vivement.

— Non, madame, répondit-elle hochant la tête, j’aurais envie de lire ce que vous lui écrivez. »

Cette franchise quoique un peu brutale fit sourire tristement la duchesse.

— Vous ne devinez pas, alors, ce que je lui écrirais ?…

— Je n’oserais pas, madame, pour mon salut.

— Votre salut ? Que veut dire ce mot, chère femme ?

— Je blasphémerais la vierge qui permet de pareils malheurs !

— Lesquels ?

— …Vous l’aimez, madame ! dit la mère ne sachant pas s’exprimer autrement.

— Nono est un honnête homme, mais c’est aussi un grand enfant comme vous le disiez… Ne m’est-il donc pas permis de le traiter en… frère ? N’ai-je pas le droit à vos yeux de le traiter en aînée ? Songez, j’ai deux ans de plus que lui.

— On n’est pas la sœur de mon fils, quand on est devenue duchesse, madame !

— Ah ! s’écria Renée follement, vous me brisez ! Comprenez-vous quelque chose à l’amour… vous ?